Punir ! Quel mot affreux, en fin de compte. Qui aime punir ? Qui aime être puni ? Est-ce que la vie n’est pas trop courte pour y mettre volontairement quelque chose que personne n’aime et qui n’apporte aucun bénéfice à personne ?!
Quand l’éducation entre en jeu
Rappelez-vous cet enfant adorable que vous avez mis au monde, et dont vous susurriez le prénom sur toutes les notes de votre tendresse de maman ou de papa ébloui… A ce moment-là, punir était loin de vos préoccupations !
Mais le temps a passé et l’éducation entre en jeu. L’enfant se doit de respecter les règles, et vous, d’asseoir votre autorité sereinement pour lui offrir une bonne éducation.
Arrive tout doucement l’obligation de réagir aux incartades, aux loupés, aux erreurs de cheminement de votre enfant. C’est normal et important.
Mais Punir est un mot fort. Permettez-moi de lui substituer celui-ci : « marquer le coup ».
Il a fait une erreur, un manquement aux règles, il faut marquer le coup. N’est-ce pas, en fin de compte, ce que vous voulez vraiment ? Marquer le coup. Qu’il enregistre et ne refasse pas.
Au nom de quoi la punition serait-elle le bon moyen d’obtenir cela ?
Pour les plus petits -et jusque vers 5 ou 6 ans- une mise au calme faite calmement est beaucoup plus productive qu’une punition quelconque, que l’enfant ne peut pas comprendre. Le Fauteuil-magique-qui-calme est un truc qui marche bien avec les petits, sans en abuser, pour des périodes très courtes -5 minutes- et pas trop répétées. Un moment d’écoute musicale est très bien aussi, ou prendre un bain joyeux avec des jouets… . Non pas présentés comme une punition mais comme un retour au calme : c’est bien ce que l’on souhaite, n’est-ce pas?
Selon l’âge et le contexte, réparer une sottise avec l’enfant ou devant lui, est aussi un bon moyen d’éduquer.
C’est vrai aussi pour les plus grands, évidement.
Mais quand on veut vraiment punir, on fait quoi? se demandent certains d’entre vous…
Mais pourquoi vouloir punir, en fait?
Lorsque votre enfant est à l’école, il apprend en faisant des exercices. Parfois, il réussit rapidement, et parfois il lui faut plusieurs essais, et c’est normal et naturel. Et comment considéreriez-vous un maître d’école qui punirait les élèves qui n’ont pas tout bon du premier coup? Ce serait ridicule et révoltant, n’est-ce pas? -Pourtant, c’est ce qui se passe bien souvent à la maison…! Pourquoi dans la vie un enfant devrait-il tout de suite savoir se comporter en tous lieux et toutes situations sans aucune erreur, en comprenant tout de suite les implications de chaque situation, de chaque comportement ?
Parce qu’en fait, quel est le rôle de la punition ?
Une punition dit à votre enfant « je n’aime pas ce que tu as fait et tu en es responsable ».
A part comprendre qu’il vous a déçu ou déplu, il n’apprend rien. Rien sur lui-même et rien sur la vie… Sauf qu’il est une personne décevante et déplaisante, que les autres savent mieux que lui, et… qu’il ne sait toujours pas. Et ça, ça fait très mal. mais ça n’apprend rien.
Et ce n’est pas éducatif, car l’éducation suppose d’apprendre quelque chose qui nous aide à faire des choix meilleurs en connaissance de cause, d’une fois sur l’autre. Le petit plus, c’est lorsque l’éducation donne à l’enfant confiance en lui et en son avenir, n’est-ce pas ?
Rien que la punition sache faire, au contraire.
Un Top 10 des punitions habituelles?
Je me souviens de cette maîtresse d’école de l’un de mes fils, qui, en CE1, avait programmé une visite de la caserne de pompiers. Les enfants étaient tous excités à l’idée de monter sur le camion, essayer un casque, etc… La veille du jour J, la maîtresse survoltée et en mal d’autorité (ça ne touche pas que les parents!) veut obtenir le silence et y peine. Elle assène soudain un magistral « puisque c’est comme ça, on n’ira pas visiter la caserne des pompiers! ». Déception immédiate des 28 gamins. Autoritarisme? (l’autoritarisme est l’usage abusif de l’autorité sans lien avec le sujet visé) En parent plein d’incompréhension devant le procédé, je vais en parler à la maîtresse qui me dit « la caserne nous a appelé ce matin en disant que la visite ne pouvait pas se faire, ils ont un imprévu« . Quelle honte, d’utiliser un fait pour en faire une mauvaise preuve d’autorité! Au lieu d’être déçus, les enfants sont frustrés négativement. (« Frustrés positivement » ce serait comprendre que l’imprévu les prive de la visite, mais que ça fait partie de la vie) Une vraie leçon de vie perdue au profit d’une mauvaise récupération. J’étais abasourdie et furieuse!
Et les punitions à la maison? Entre privé de dessert, de télé, de sortie, de jeux vidéo (en enlevant le câble ou en éteignant la box lorsque les parents doutent de leur propre capacité à faire respecter la punition, ce que l’enfant prend pour un manque de confiance en lui), voir même privé de cadeaux de Noël, ou de câlins, on voit de tout. Mais c’est toujours la même idée : priver l’enfant de quelque chose. « Le toucher là où ça peut faire mal », « pour qu’il prenne conscience », ai-je même entendu parfois, ce qui en dit long sur la détresse des parents…
De quoi prend-t-il conscience, je vous le demande ? Qu’apprend-t-il alors? Tout ça :
- L’amour donné ou reçu ne peut être que conditionnel, il risque donc d’être perdu. Le chantage affectif est une valeur refuge.
- Le mélange entre autorité et autoritarisme, manque de discernement (pourtant c’est très différent: l’autorité est bienveillante, l’autoritarisme impose sans être justifiable par la raison ou la logique)
- La frustration est une injustice flagrante (et pourtant elle est un véritable outil majeur pour vivre harmonieusement ses émotions tout au long de la vie)
- Exister consiste à se rebeller contre l’autorité (alors que… !!!)
- Eviter de montrer sa frustration et ses envies « fera les pieds » aux parents (Or cette carapace pousse les parents à en faire encore plus pour faire réagir l’enfant. Cercle vicieux effroyable)
- La maltraitance est une valeur ordinaire, la manipulation devient un outil nécessaire (sans commentaire)
- L’autorité n’est que mesures de rétorsion (et dans rétorsion, il y a « retors »….)
Tout ça, c’est [PUNIR en -] = enlever quelque chose à la vie, casser la joie de vivre, perdre la confiance de l’enfant en lui-même, gâcher la relation…
Ah! On n’apprend pas à être parent. Tout le monde n’est pas doué de la même compétence, comme pour tout le reste… et surtout il y a… le doute…!
Parents, ne doutez pas de votre autorité, car c’est vous les parents. Si votre autorité est juste, elle sera respectée –si vous vous faites confiance. Et ça commence quand l’enfant est tout petit. Vous êtes le garant de sa sécurité, de sa vie affective :cela suffit à asseoir votre autorité en douceur: elle est là. L’éducation devient le prolongement de cette sécurité matérielle et affective, et tout se joue en douceur!
Ainsi, il n’est pas nécessaire de couper la box pour faire respecter un interdit ou une limite…
Vous voulez vraiment punir? Vous allez découvrir comment PUNIR EN + !
Alors comment marquer le coup?
Vous avez besoin de « marquer le coup », pour une entorse au règlement de la vie en famille ?
Inutile de priver votre enfant de sa sortie entre copains et de vous retrouver avec votre gamin boudeur dans les jambes (c’est vous que vous avez puni, là !!) Inutile de lui faire croire(ou penser) que vous ne l’aimez plus. (Au passage, notez que vous ne privez pas que lui, mais aussi ceux qui devaient partager cela avec lui, et son équipe s’il s’agit d’un club, son moniteur qui n’est pas concerné par la sottise faite mais devra réorganiser ses cours, etc…)
D’ailleurs, pourquoi le priver de quoi que ce soit ? Privé de ce qui donne du sens à sa vie à ce moment-là? A force, il va devenir un lion en cage !
[Punir en – ] : punir en enlevant, en frustrant. C’est motiver chez lui de la rumination, de la colère, valoriser ses émotions négatives ( de voir ses parents contents -de l’avoir touché- quand l’enfant est déçu,triste ou en colère!), voir potentiellement créer un désir de vengeance un jour ou l’autre !Le priver de ce qu’il aime est une erreur:
cela l’éloigne de la meilleur version de lui-même…
celle que, pourtant, vous voulez qu’il découvre…
[PUNIR en + ] = AJOUTER quelque chose à sa vie. Ne surtout pas le priver de ce qui est bien pour lui.
A partir de 5 ou 6 ans, il peut bénéficier de ce supplément de vie: Lui proposer une tâche à effectuer qu’il n’aurait pas réclamée, adaptée à son âge et ses possibilités (vous savez, l’idée des « travaux d’intérêt général ») , un tâche [en +] mais qui devient éducative pour plusieurs raisons :
-cette tâche est utile, et même si ce n’est pas lui qui la fait habituellement , elle fait partie de la réalité- cette réalité qu’il n’a pas respectée en faisant cette erreur de parcours.
-vous parents, ne voulez que le meilleur pour votre enfant, et cette tâche a un rôle positif pour tout le monde, elle fait partie du meilleur, puisqu’elle est nécessaire.
-il a commis une sottise, une erreur de parcours, la vie ne s’arrête pas pour autant, et il aura le temps de réfléchir à cette erreur en accomplissant quelque chose qui sort de son ordinaire, comme on souhaite que cette erreur de parcours sorte elle aussi de son ordinaire !
-il a la possibilité de « se racheter » comme on dit, donc de faire preuve de qualité en plus, au lieu de stigmatiser ses défauts en trop !
-il apprend la valeur du travail que vous faites habituellement sans lui, -et si vous le faisiez avec lui ? ça peut être l’occasion d’un partage, de faire ensemble, d’apprendre des gestes, des techniques
-votre autorité en sera grandie, et vous aurez un bénéfice vous aussi en voyant une tâche s’accomplir soit sans vous, soit avec vous dans un moment de partage positif.
-il prendra peut-être goût à réaliser certaines de ces tâches positives, seul ou avec vous.
– » Au pire » il saura que pour les éviter il n’a qu’à suivre les règles édictées: il devient responsable positivement de ses choix.
[Punir en +] au lieu de [punir en –] c’est ainsi respecter ce que l’enfant est profondément, dans sa nature, en lui laissant le bénéfice de ce qu’il vit et qui lui est propre, sans le priver de ce qu’il aime et compte pour lui. C’est lui offrir la place de grandir, de se construire positivement. C’est aussi le respecter en tant qu’individu, et donc lui apprendre à respecter aussi.
Le mot est lâché :
C’est PO-SI-TIF ! (Oui : c’était ça , le [+] de [Punir en +] : POSITIF !)
Plus sur l’autorité parentale dans « Le Petit Livre qui Change la Vie .. en Mieux » (editions Lanore)
( L’illustration « Apprentissage » est une oeuvre de Lynä pour le jeu de cartes Ho’oponopono 2.0 Editions EccE)
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