Un Nouveau Monde 600 ans après l’Amérique?

le Métavers, cet insondable univers virtuel où tout est possible et où chacun de nous pourrait avoir son « avatar », propulsé par Facebook il y a quelques mois, a d’abord fait sourire. Mais les choses se précisent étrangement. N’est-il pas nécessaire de voir plus loin qu’un simple jeu virtuel proposé aux aficionados? S’agirait-il vraiment de créer un nouveau monde, 600 ans après que Christophe Colomb ait mis le pied en Amérique, un nouvel espace de « vie quotidienne », comme certains se plaisent à le dire?

Le simple terme de « Réalité virtuelle » est une insulte à l’intelligence. Réalité, étymologiquement, nous parle de ce qui est concret, avec la base latine « Res », la chose.  Virtuel, de par son étymologie, parle de son côté de ce qui est « en puissance », par opposition à ce qui est acté. Réalité Virtuelle, c’est autrement dit du « concret pas concret », du « pur et dur qui n’existe pas »…  Mais en insinuant l’expression « réalité virtuelle », n’est-on pas en train de nous suggérer que cette virtualité serait existante, concrète, réelle?

Et bien non, le Métavers n’est pas réel, ne peut pas être réel, ne sera jamais réel. Ce qui est réel, c’est le casque que vous mettez sur vos yeux pour y accéder. Et, malheureusement, les émotions que vous vivez à travers auront l’apparence de la réalité vécue, car les émotions sont toujours authentiques. C’est là qu’on rencontre l’idée de la « réalité virtuelle », c’est à dire comment le virtuel impacte la réalité de nos sentiments…

Car on a même -déjà- entendu parler de tout ce qui rend malgré tout ce virtuel sordide en matière de réalité: Une jeune femme en train de « jouer » dans le Métavers à ses débuts, y aurait « rencontré » quelques jeunes gens qui l’auraient « violée virtuellement. » C’est assez difficile à concevoir, mais toutefois la douleur psychique de la jeune femme, elle, était bien réelle.

Depuis,  le Métavers s’est doté, parait-il, de moyens de promettre la sécurité à ses utilisateurs (visiteurs? joueurs? habitants?  Quel mot convient?).  Donc on a créé une sécurisation d’un truc dont personne n’a demandé l’existence, et qui faisait courir des dangers? Merci qui?

 

Le Métavers, capitalisation tous azimuts pour Davos?

Le Métavers fait encore parler de lui, ces jours-ci. en effet, le World Economic Forum (Davos pour les intimes) vient de « travailler » pour nous:  lors du dernier sommet, en Suisse, il a lancé l’initiative « Définir et construire le Métavers« . Pour quiconque prenait ce truc virtuel pour une sorte  de jeu vidéo un peu plus élaboré, voilà qui prend un drôle de tour.  Il est évident, selon eux, que le Métavers soit le lieu « où nos vies numériques -identité, expériences, relations et actifs en ligne- deviennent plus significatives pour nous que nos vies physiques. »

Comment le conçoit-on? Nous, êtres humains, pourrions vivre davantage dans des réalités virtuelles que dans notre environnement physique  et avec notre corps, ses ressentis, ses sensations, ses besoins, ses envies concrètes.
Manger une glace dans le Métavers offrira-t-il autant de  satisfaction que chez le glacier du coin?

Un autre article fait état de ce que si les familles ne peuvent trop se multiplier, pour cause de surpeuplement planétaire, il serait tellement merveilleux, pour des femmes en mal d’enfantement, d’avoir leur propre bébé dans le Métavers, s’en occuper et trouver ça épanouissant. On dirait qu’on vient de réinventer le Tamagochi, non?

Vous pourrez lire aussi dans la presse  les réponses à cette question-titre « Faut-il se laisser tenter par un achat immobilier dans le Métavers?« …  Incitatif, non? Genre, vous avez joué à SimCity quand vous étiez petit? Faites pareil, mais dans la jungle du virtuel ou, par définition, rien n’est stable. Espérons qu’un autre « joueur » (?) du Métavers n’ira pas mettre le feu virtuel à votre immeuble, parce que les assurances du Métavers n’ont aucune raison d’être plus conciliantes que les… vraies.  Vous aurez beau leur dire que ça n’a pas vraiment brûlé, vous aurez vraiment payé et perdu vos avoirs.

Les enfants ne sont pas oubliés : La directrice produits et  marketing de LEGO, Julia Goldin, pense que le Métavers peut contribuer au développement des enfants.
La maîtresse d’école  et mère et grand-mère de famille nombreuse, en moi, hurle !! Le développement des enfants se fait dans le Vivant, la matière, le mouvement, les jeux et les expériences partagées, la VIE RÉELLE.

Il y a déjà quelques bonnes années que sont parues les études sur l’effet nocif  de la TV  pour l’intelligence. Depuis, les études ont été mises de côté, et on a créé des chaines TV pour les bébés. A nouveau, des études prouvent que les écrans et les petits ne vont pas bien ensemble. Mais on les met de côté pour créer le Métavers?

Qu’importe: les enfants auront sans doute l’occasion de consulter un psy  dans le Métavers, aussi? Tout va bien.

Le Métavers, un Au-delà facile à contrôler pour des Dieux de pacotille qui ont peur de la Mort ?

Bon, pour l’intelligence humaine, peu importe, en fait: les transhumanistes qui promeuvent ce Métavers ont aussi pensé à implanter des puces cérébrales à tout un chacun pour augmenter son potentiel cérébral -ça fait des années qu’on en  entends  déjà parler… Au début, je croyais que c’était pour rire mais en fait, non.  D’ailleurs on a déjà mis en place les petites puces sous la peau pour ouvrir les portes ou payer sans carte bancaire…-

Ces trans-humanistes, dieux de pacotille de notre planète bien vivante,  qui semblent vouloir tout contrôler, refaire l’Homme à leur idée, et qui semblent avoir si peur de la Mort à travers des désirs étranges de faire durer la vie humaine par des artifices variés, ne sont-ils pas simplement en train de chercher à remplacer un Au-delà qui les tétanise par un au-delà à leur portée, où finalement ils peuvent tout contrôler à leur envie? La question spirituelle n’est pas dénuée d’intérêt!

Tout cela ne me rend pas spécialement optimiste sur le devenir de l’Humain au milieu de ces interfaces virtuelles très contrôlées… (Je vous recommande le visionnage de ce Dessin animé « Wall-E » (Disney), où les humains n’ont rien d’autre à faire que de s’amuser dans un monde de contrôle  permanent, uniformisation, obésité, perte de repères, ennui et addictions sont au menu, tout cela sous couvert de pollution extrême de la planète Terre…

Il me semble beaucoup plus utile et bienfaisant de valoriser l’Humain bien réel, prendre soin de notre Terre, et de la VIE sous toutes ses formes réelles…  voilà une tâche qui m’enthousiasme et qui suffira pour moi.

Claire BUREL

Les références et sources sont mises en liens.
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